
Un terroir rémois qui sculpte le style
Comprendre un champagne commence sous les pieds. La Champagne rémoise repose sur une ossature de craie campanienne qui agit comme une éponge : elle draine, régule la chaleur et stocke l’eau, favorisant une alimentation régulière de la vigne. Ce sous-sol, recouvert de marnes, sables ou argiles selon les parcelles, influence directement la sensation en bouche : tension minérale, droiture, allonge saline pour certains coteaux ; chair et ampleur pour d’autres expositions plus généreuses.
Dans cette mosaïque, les trois cépages champenois jouent des rôles complémentaires :
- Pinot noir : l’ossature. Il apporte structure, fruits rouges, parfois une légère vinosité et une belle tenue en bouche. Sur les versants rémois, il peut prendre un accent crayeux qui allonge la finale.
- Chardonnay : la colonne de lumière. Citron, fleurs blanches, amande fraîche ; il clarifie la sensation et donne de l’élan. Avec la craie, il gagne en précision et en verticalité.
- Meunier : le trait d’union. Il arrondit, assouplit les angles, apporte une touche fruitée (poire, mirabelle) et facilite une expression immédiate, sans rien sacrifier à l’équilibre.
À Reims, le climat tempéré frais, ponctué d’étés de plus en plus lumineux, oblige à une lecture fine des maturités. La maison Castelnau s’appuie sur ce dialogue entre nature et décision humaine : date de vendange, pressurage, choix des vins de réserve. Le style recherché n’est pas la démonstration mais la cohérence : une bouche qui progresse, qui respire, qui raconte un lieu sans jamais le surligner.
Le vieillissement long sur lies, marqueur de la maison, s’additionne à ce dessin. La craie donne la trame ; le temps ajoute le grain. Les arômes évoluent de la pureté des fruits vers des notes de brioche, de noisette, de zeste confit, et la mousse gagne en crémeux. C’est dans cette patience que naît la finesse tactile, cette sensation de perles qui glissent plutôt qu’elles n’éclatent.